Le bineur est dans le près !

C’est au fin fond de la Gascogne, ça sent encore l’huile de camphre d’un dimanche ovale et la graisse de canard de ripailles gourmandes… pendant ce temps-là au café du commerce, de quoi parle-t-on ?

« Michel, tu as vu ce temps… pfff je passe mon temps à biner le potager… »

« M’en parle pas, moi qui relève les précipitations tous les jours; en 6 mois on a eu l’équivalent d’un an ! »

« Ok je ne t’en parle pas… mais quand même… ça pousse, enfin ça pousse, pas ce que j’aimerai !!!  Je n’ai pas prévu de faire des salades de panics et d’amarantes et puis je ne suis pas à la retraite comme toi… alors je n’ai pas le temps de biner tous les jours ! »

Ces brèves de comptoir nous ramènent à ce vieil adage rural : 1 binage vaut 2 arrosages… et si l’on a trop d’arrosage, il faudra beaucoup de binages pour espérer avoir un peu de potage !

Tout cela pour arriver à la question suivante, le binage, c’est bien sympathique mais à quoi cela sert-il ?

Et oui car lorsque notre petit robot Oz, court ; il bine aussi avec son attelage d’outils !

Le maraîcher, tout comme Dédé et son potager, doit limiter l’envahissement par les « adventices » (souvenez-vous on en a déjà discuté…) on parle même de salissement d’une parcelle… c’est lorsque les herbes que je n’ai pas semées, viennent concurrencer… vous l’aurez deviné, celles qui m’ont demandé de l’huile de coude pour les semer !

En effet, notre sol possède un stock de graines faramineux ! Imaginez des millions d’années à recevoir les fécondations d’herbes folles des alentours ; cela a entrainé une accumulation de graines non germées dans le sol. Pour les parcelles les plus « sales » nous pouvons compter jusqu’à 500 000 graines au m² et sur des parcelles entretenues, nous trouverons quelques milliers de graines par m².

Et ce stock, ne demande qu’une seule chose : germer et s’auto-alimenter pour pérenniser les différentes espèces de dame nature !

En effet ces herbes qui germent, vont venir concurrencer nos cultures sur bien des points.

Dans un premier temps, la concurrence sera « physique », en prenant de l’espace à nos semis, et donc en se développant, elles utiliseront la lumière, l’eau ainsi que les nutriments présents dans le sol… évidement tout cela au détriment de nos chers semis de carottes… Imaginez donc une cinquantaine de graines de carottes contre des dizaines de milliers déjà présentes et prêtes à germer… le combat s’annonce rude !

A titre indicatif, il me faudrait 10 à 15 ans pour diminuer un stock semencier par 2… donc le but sera aussi d’éviter qu’il augmente.

C’est pour cela, que nous lui donnons un coup de main à cette petite carotte et parfois un coup de rein quand nous désherbons à la main !

Ainsi, pour lutter contre ces levées intempestives, il y a différentes solutions, la rotation des cultures, le travail du sol et l’utilisation de produits chimiques… enfin nous chez Naïo Technologies des molécules de synthèse sur nos carottes cela nous a jamais fait rêver… Et donc nous choisissons la méthode physique plutôt que chimique : et par exemple le binage.

Le binage va permettre de couper et mettre à nu (c’est-à-dire au contact du soleil) les racines en début de germination de ces adventices… elles vont donc griller sur le sol et aussi éviter le renouvellement du stock de graines. De plus, le binage reste un travail superficiel du sol (entre 3 et 5 cm de profondeur) ; ainsi je n’irai pas remonter mon stock de graines enfouies !

Moralité de cette année : une année humide permet certe le développement des cultures mais accentue aussi la pression des mauvaises herbes… c’est pour cela qu’Oz doit passer régulièrement pour biner et ainsi nous éviter de nous faire déborder par les adventices ! et ce qu’on fait Michel et Dédé, tout l’été dans leurs potagers avant de se retrouver au café !

« On a trop biné, bien avant l’envie,

J’ai oublié mes blettes et les radis

Toutes ces choses qui avaient un prix

Qui font de l’envie de vivre et le désir

Et le plaisir aussi »

Johnny Halliday, 1986, en pleine déprime potagère…

Matthias

WP_20141027_021