Les robots peuvent-ils réduire la compaction des sols viticoles ?

La qualité et la résilience des sols de nos vignes sont des sujets de plus en plus préoccupants. L’arrivée des robots rebat les cartes de la stratégie de désherbage mécaniquement, mais il est crucial de ne pas oublier quelques principes fondamentaux.

La robotique dans les vignes a rapidement été perçue par les vignerons comme une solution pour gérer l’enherbement sans avoir recours à une opération de désherbage sur le rang au pulvérisateur. À cause des contraintes réglementaires sur les matières actives, mais aussi suite à des demandes sociétales toujours plus prégnantes, les conversions à la viticulture biologique ont augmenté. La majorité des utilisateurs de l’enjambeur Ted, et plus récemment du chenillard JO (lancé à l’été 2022), ne sont pas toujours en bio mais ont trouvé une façon de réduire les IFT, notamment sur la partie herbicides.

Le recours au désherbage mécanique augmente


Il est évident pour de nombreux acteurs du monde viticole que l’approche agro-écologique de leur production va dans le sens de l’Histoire. Cela passe par des investissements mais ils sont souvent conséquents : enjambeur supplémentaire, tracteur avec cadre ou porte-outil. Puis vient la question des ressources humaines. “On ne trouve même plus de chauffeur de tracteur” : c’est la phrase que l’on entend le plus dans vignobles mécanisés de la planète. Face à des fenêtres climatiques souvent très étroites, les bras manquent et l’infatigable robot prend sa place de bête de somme du 21ème siècle.

Comment la sobriété énergétique…

Dès la conception de la première version du robot viticole Ted, les équipes de Naïo Technologies ont pensé à produire une machine efficace avec un poids limité. La deuxième version du Ted, présentée en 2020, a gardé cette philosophie tout en augmentant ses capacités. Mis au point avec le concours de l’Institut français de la vigne et du vin près de Gaillac (81), il ne pèse que 2,1 tonnes. Une différence nette avec les tracteurs ou enjambeurs qui approchent les 5 tonnes à vide. 

Les robots viticoles sont donc une opportunité pour offrir davantage de résilience au sol en réduisant la compaction. Notamment en période humide où le retour trop anticipé des tracteurs créera, inévitablement, de l’orniérage et des tassements délétères et difficiles à corriger pour assurer un bon fonctionnement physiologique de la plante. Les robots ont l’avantage de pouvoir revenir à la parcelle plus rapidement après des pluies. Néanmoins, il est important de faire preuve de sobriété énergétique en viticulture. 

…guide l’indispensable besoin de légèreté

Le poids des batteries est l’ennemi de l’efficacité. Avec moins de 40 kWh de batterie, le robot de désherbage Ted embarque l’énergie suffisante pour durer une journée de travail. La course à l’autonomie peut s’opposer au nécessaire respect des sols. C’est pourquoi il faut rester vigilant dans la conception des robots et ne pas dépasser 500 kg de batteries sur un robot de désherbage. Ceci afin de ne pas reproduire les conséquences de l’alourdissement qu’ont connu les tracteurs, mais aussi les voitures – thermiques ou électriques – qui ont prix du poids au fil des années. De même, l’atténuation de la compaction par le choix des pneumatiques ne résout pas le problème causé par le surpoids initial. Notamment pour les tassements en profondeur liés à la charge par essieu. L’équation n’est assurément pas simple, mais être plus léger reste le meilleur moyen de préserver une bonne respiration et la biodiversité des micro-organismes présents. Assurons sur nos sols et nos vignes, le patrimoine visible et le patrimoine vivant sous nos pieds ne s’en porteront que mieux !

Flavien Roussel, ancien reporter terrain agronomie et machinisme.

 

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