Irrigation en maraîchage : l’éclairage de la Chambre d’Agriculture du Lot-et-Garonne

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En cette période de fortes chaleurs, nous avons interrogé Cécile Delamarre, Conseillère Maraîchage et Biodiversité à la Chambre d’Agriculture de Lot-et-Garonne. Dans cet article, nous ne souhaitons pas jeter un pavé dans la marre, mais apporter de l’eau à votre moulin, en cette période d’étiage des rivière. Elle nous répond donc sur la gestion de l’irrigation des petits et moyens maraîchers de son département, ainsi que sur l’apport des nouvelles technologies pour les gestion des ressources en eau.

Quelles sont les problématiques liées à l’irrigation que rencontrent les petits et moyens maraîchers dans votre département ?

Les petits et moyens maraîchers sont souvent producteurs d’une multiplicité de cultures et de petites parcelles, ce qui n’est déjà pas simple à gérer.

Ensuite, dans le Lot-et-Garonne, nous sommes confrontés en particulier à des sols qui ne sont pas tous les mêmes d’un secteur à l’autre, ni même sur une même exploitation ! Nous pouvons trouver chez un même maraîcher :

Un maraîcher ayant des sols différents sur son exploitation devra être vigilant, mais irriguera toujours plutôt plus que moins pour gérer les différents besoins en eau des sols, et apporter le plus au sol et à la culture qui en ont le plus besoin.

L’autre grand problème en ce moment est celui des restrictions d’eau : en période estivale, comment gérer l’irrigation pour les petits producteurs qui n’ont pas de réserve, et ont un besoin en eau tout le long de l’année ?

Quel est l’appui technique de votre Chambre d’Agriculture pour les irrigants ?

Nous fournissons de prestations chez des agriculteurs, plus tournés vers la technique (fertilisation, implantation…). Pour l’irrigation, ce type de prestation est plus délicat : le climat peut varier très vite, cela revêt donc du travail de l’agriculteur lui-même.

Nous éditons un message chaque semaine : « L’appui technique aux irrigants d’Aquitaine » disponible en ligne. Ce message donne les valeurs des ETp (Evapotranspiration Potentielle) valables pour les cultures en plein champs, ainsi que les derniers arrêtés préfectoraux en vigueur, les avances végétatives…

En ce qui concerne le maraîchage, nous avons quelques parcelles de références en melon bio et une en tomate industrie. Nous avons mis en place des sondes Watermark : les producteurs nous transmettent ainsi les relevés des sondes que nous intégrons dans le message hebdo.

Nous conseillons par ailleurs aux producteurs d’utiliser un outil d’aide à la gestion de l’irrigation : de nombreuses sondes capacitives arrivent sur le marché mais représentent un coût d’investissement non négligeable, surtout pour les petits producteurs. Ils peuvent se tourner vers des sondes Watermark, plus accessible et accompagnées de conseils des entreprises qui les proposent, pour mesurer la disponibilité de l’eau dans le sol. Il est en effet très important pour les petits maraîchers de bien gérer l’irrigation, car leurs cultures peuvent être soumises à des problèmes de maladies, de pousses de plantes…

Pour gérer son irrigation, nous effectuons des profils, qui permettent de voir à la fois la dispersion de l’eau dans la profondeur du sol, et en même temps les répercussions du travail du sol sur l’implantation de la culture et la répartition de l’eau.

Que pensez-vous du vieil adage « Un binage vaut 2 arrosages » ?

Cet adage est vrai pour certaines cultures comme les haricots et les pois : le binage apporte vraiment un plus.

Pour les cultures de plein champs, le binage va permettre une meilleure absorption des eaux d’arrosage car va casser la croute superficielle de terre, mais cette croute était aussi un rempart à l’évaporation. Mais un binage uniforme, pas trop profond (3 cm), et dans de bonnes conditions (sol réessuyé, donc ni trop sec, ni trop humide), permet de limiter l’évaporation car l’eau aura mieux pénétré.

Aujourd’hui, en quoi les nouvelles technologies peuvent aider à une meilleure gestion de l’irrigation ?

Je pense que les nouvelles technologies vont encore évoluer et apporter de bonnes choses. La génération des sondes capacitives est une innovation : chez les carottiers, ces sondes fonctionnent depuis peut en Aquitaine. Il semble que c’est une évolution au-dessus du Watermark, mais on doit encore prendre du recul.

Le binage robotisé est intéressant car on va limiter les jeunes adventices et va permettre une meilleure infiltration de l’eau. On peut alors pailler les rangs et utiliser une irrigation en goutte à goutte, et biner pour désherber les inter-rangs.

Si je devais imaginer une innovation pour l’irrigation, ce serait un système de mesure mobile et robotisé, qui interviendrait très précisément sur les besoins des cultures.

Votre message aux irrigants en cette période estivale…

Veillez aux arrêtés préfectoraux de restriction à venir !