Comment l’assurance s’adapte à l’arrivée des robots dans les champs?

Matériel, cultures, exploitation, salariés…
En matière d’assurance, la protection de l’ensemble de l’activité est une préoccupation centrale des agriculteurs, et leurs attentes évoluent à mesure que naissent de nouveaux besoins. C’est notamment le cas lorsqu’ils s’équipent d’un robot autonome.

Qu’ils soient éleveurs, maraîchers, viticulteurs ou cultivateurs, tous les agriculteurs intègrent la question de l’assurance à la conduite de leur activité. « À la protection de l’exploitation et du matériel par un contrat multirisques, s’ajoute notamment la responsabilité civile pour les dommages causés aux tiers, deux volets très bien suivis par l’ensemble des exploitants », indique Evelyne Tougeron, chef de projet Machinisme agricole chez Groupama. Elle précise que la diversification des activités (chambres d’hôtes sur le domaine, transformation ou vente à la ferme, installation d’unités de méthanisation), de plus en plus répandue, nécessite de revoir les garanties souscrites pour sécuriser convenablement l’exploitation et ses utilisateurs.

Il en va de même avec les innovations numériques et technologiques, qui prennent leurs quartiers dans les champs et induisent des besoins en assurance spécifiques. « C’est le cas avec un robot autonome, qui n’entre pas tout-à-fait dans le cadre d’un équipement agricole classique et pour lequel nous apportons des réponses adaptées », souligne Evelyne Tougeron.

Des contrats spécifiques pour les robots

Car si la robotique agricole n’est pas une nouveauté pour le secteur assurantiel –  les robots de traite, fréquents au sein des exploitations laitières, sont assurés via la protection de l’exploitation – les machines telles que celles développées par Naïo émergent tout juste dans le paysage agricole. Or, il s’agit à la fois d’engins capables d’évoluer de façon autonome dans les parcelles, mais aussi d’un investissement pour l’exploitation qui doit être sécurisé. Il est donc capital de s’assurer en Responsabilité civile pour les dommages corporels ou matériels que le robot pourrait causer à un tiers, et de couvrir la machine contre les dégâts qu’elle pourrait subir lors d’une collision avec d’autres équipements, d’un incendie, ou encore en cas de vol ou de vandalisme.

Franck Echard, maraîcher en agriculture raisonnée dans le Loir-et-Cher, travaille avec un robot de désherbage Oz depuis 4 ans. Il s’est rapproché de son assureur au moment de son acquisition. « Il est assuré à travers un contrat spécifique robot. Toute la partie électrique et électronique
est couverte et, lors d’un orage qui a provoqué un court-circuit et endommagé des pièces, leur remplacement a été pris en charge. Le robot en lui-même est
assuré comme une machine agricole normale. »

Pas de conducteur, mais un opérateur

De son côté, Groupama mène une veille technologique et échange régulièrement avec les constructeurs en machinisme agricole, pour anticiper les nouveaux besoins. C’est dans ce cadre qu’un partenariat a été noué avec Naïo et que l’assureur a fait évoluer les garanties de son offre Titane Pro, dédiée aux tracteurs et matériels agricoles, pour la rendre compatible avec les usages autonomes. « L’une des différences avec un tracteur, c’est que le robot n’a pas de conducteur. Mais l’opérateur qui commande la machine peut aussi être concerné par un sinistre. Nous avons donc modifié le périmètre de notre garantie « Accidents du conducteur » pour qu’il soit couvert », précise Evelyne Tougeron.

Par ailleurs, Groupama inclut depuis peu dans ce type de contrats, et sans surcoût pour les détenteurs d’un Oz ou d’un Dino, la garantie « Dommages aux cultures ». Elle couvre les dégâts que le robot peut provoquer, par exemple en déviant de sa trajectoire lors du désherbage d’une planche de légumes, l’assurance prenant alors en charge le manque à gagner pour l’agriculteur. Un vrai plus pour les exploitants, comme le confirme Franck Echard : « Même après avoir bien suivi les formations, on peut avoir peur que le robot n’arrive pas au bout d’un rang ou qu’il abîme une partie des cultures. La perspective qu’il puisse y avoir des pertes, c’est quelque chose qui peut décourager dans les premiers temps d’utilisation ». Et c’est justement pour encourager les agriculteurs à sauter le pas de la robotique sans crainte, que les assureurs s’appliquent à ajuster leurs garanties aux conditions spécifiques dans lesquelles s’exerce désormais leur activité.