À Monbazillac, TED au cœur d’un projet multi-partenaires

#Ted à l’Ouest – Épisode 2

Le robot de désherbage Ted, déjà très actif dans le sud-ouest de la France, prend part à deux importants projets de Recherche et Développement, en partenariat avec des coopératives viticoles de Dordogne et de Gironde, dont le Château de Monbazillac. L’objectif ? Donner l’occasion aux producteurs de tester en conditions réelles dans leur vignoble une alternative aux méthodes de désherbage actuelles, avant de pouvoir diffuser ces nouvelles pratiques auprès de leurs adhérents. Le tout en permettant à Ted de grandir, s’améliorer et se perfectionner, à mesure des retours d’expérience observés sur le terrain. Ce mois-ci, découverte du projet mis en place avec la cave coopérative de Monbazillac et de nombreux partenaires institutionnels et professionnels.

Développer les pratiques agro-environnementales

Les vignes du Château Monbazillac sont régulièrement le théâtre d’expérimentations grandeur nature. « Tests sur la confusion sexuelle pour lutter contre certains insectes, projet BatViti pour mesurer la prédation des chauve-souris sur les ravageurs… nous sommes attentifs aux innovations susceptibles de faire avancer la viticulture. La cave coopérative de Monbazillac, qui gère l’exploitation du château en direct, permet de donner de l’ampleur à ces projets: une fois l’efficacité de ces méthodes validée, nous pouvons nous en faire l’écho auprès de nos adhérents et leur faire profiter de nos retours », estime Guillaume Barou, vice-président de la coop, qui regroupe une cinquantaine de vignerons de l’appellation et leurs 900 hectares de vignes.

Dernier projet de R&D en date ? Expérimenter le désherbage mécanique avec le robot autonome Ted. Il s’inscrit dans le cadre de VitiRev, une initiative de la région Nouvelle-Aquitaine pour innover dans la filière viticole, avec l’ambition de développer les pratiques agro-environnementales au sein de Laboratoires d’Innovation Territoriale. « Nous accompagnons les producteurs désireux de mettre en place des projets collectifs, afin qu’ils deviennent acteurs de la transition, indique Cécile Lelabousse, chargée de mission environnement à l’IVBD* et animatrice de VitiRev sur le Bergeracquois. À la fois support d’étude et véritable expérimentation, l’idée est de déterminer si cette technologie peut être un outil facilitant concrètement la réduction des intrants chimiques dans la vigne ».

Une réponse adaptée aux différents besoins métiers

Et c’est ainsi que Ted s’est fait une place, depuis fin avril 2019, parmi les raisins botrytisés. Testé sur 7 hectares, chacune de ses sorties donne lieu à des relevés, calculs et essais répondant à un protocole mis en place avec Naïo, pour mesurer l’efficacité du désherbage, l’ergonomie et l’adaptation du robot au terrain, son utilisation mécanique et logicielle, ses outils et équipements… Il sera ensuite déployé sur 12 hectares supplémentaires au Château Le Barradis, exploitation en bio de l’AOP, pour le confronter à ses limites au cours de tests d’endurance.

Pour Thibaut Delcroix, responsable vigne chez Naïo, « l’intérêt de mettre le robot sur le terrain est d’obtenir les retours métiers les plus pertinents possibles. À travers ce type de partenariats, nous essayons de mailler le territoire pour multiplier les expérimentations, dans des contextes pédoclimatiques et géographiques à la fois proches mais diversifiés. Notre intention est d’être à terme, capables d’apporter des solutions adaptées aux besoins réels d’un maximum de viticulteurs. »

Partenariat interprofessionnel, viticole, agricole, départemental et pédagogique

Et le projet ne s’arrête pas là : sous l’impulsion de la coopérative de Monbazillac et de l’IVBD, différents partenaires s’y sont associés. « La Chambre d’Agriculture, qui apporte ses connaissances techniques, pourra également diffuser les résultats de l’expérimentation auprès de ses interlocuteurs. Sur la deuxième année du projet, l’entreprise de matériel agricole Somaref travaillera sur un prototype d’épampreuse électrique » pour équiper Ted en complément de la solution de désherbage mécanique, détaille Cécile Lelabousse. Et sur l’année scolaire 2019-2020, les élèves du Lycée des Métiers Hélène Duc de Bergerac réfléchiront à la conception d’un outil mécanique relève-traces et d’outils rotatifs destinés à Ted.

« La viticulture doit se réinventer et nous sommes convaincus qu’il est important d’être partie-prenante du développement de nouvelles solutions, de co-créer les outils qui correspondent à nos attentes », estime Guillaume Barou. « Notre objectif est de faire la démonstration que la robotique peut être une réponse efficace et rentable à la fin du phytosanitaire. À l’issue de cette expérimentation, on pourra dire qu’elle a été efficiente si tous les freins sont levés et que l’outil finalisé nous convient ». Au-delà des adhérents de la cave coopérative de Monbazillac, le projet pourra ouvrir des perspectives à d’autres vignobles, puisque les résultats seront rendus publics. Sans compter que son caractère pluridisciplinaire permet de rapprocher les différents acteurs d’un territoire, dans une dynamique favorable pour la viticulture dans son ensemble, et vertueuse d’un point de vue environnemental.

* IVBD, Interprofession des Vins de Bergerac et Duras 

Retrouvez l’épisode 1 de cette mini-série #Ted à l’Ouest, sur le projet mené avec la coopérative viticole Univitis.