Désherbage en culture de salades : quelle(s) technique(s) choisir ?

Travail du sol en amont de la plantation, solarisation, binage mécanique ou robotisé, rattrapage manuel… les producteurs de la filière salade jonglent entre différentes approches pour trouver le meilleur moyen de venir à bout des adventices. Et sont toujours en quête d’une solution optimale, viable sur les plans économique, environnemental et technique.

Des pratiques en constante évolution

Qu’ils travaillent de manière conventionnelle ou en agriculture biologique, les producteurs ont à leur disposition un panel de solutions pour désherber leurs salades. Si l’emploi de désherbants chimiques est fréquent en conventionnel, leur usage tend à se réduire sous l’évolution de la réglementation et la raréfaction des produits encore autorisés. Les solutions phytosanitaires n’ont, quoiqu’il en soit, jamais constitué une technique suffisante si utilisée seule. Elles interviennent toujours en complément d’autres approches, comme une option ponctuelle pour effectuer du rattrapage.

« La question du désherbage représente toujours un terrain d’expérimentation. Les pratiques évoluent d’année en année, les producteurs en testent certaines puis reviennent dessus l’année suivante pour essayer autre chose. Il n’y a pas de technique miracle, il s’agit de trouver ce qui convient le mieux à son exploitation », explique Matilde Ceaux, ingénieure agronome et référente pour le maraîchage chez Naïo Technologies.

Agir avant et après la plantation

Dino désherbage salade

En amont de la mise en terre des plants de salade, il est nécessaire d’agir pour réduire le stock de graines présent dans la terre. En France, le travail du sol est largement répandu, avec des passages de tracteur qui vont permettre d’éliminer les jeunes adventices, avant la préparation de la planche. On peut aussi penser aux faux-semis, à éliminer ensuite à l’aide d’outils mécaniques ou via un désherbage thermique. « Aux États-Unis, les producteurs ont aussi très fréquemment recours à la solarisation qui consiste, à l’avant-saison, à recouvrir le sol de bâches. Avec l’effet du soleil et de la chaleur, les mauvaises herbes vont brûler », indique Mathilde Ceaux.

Ensuite, il est possible de planter les salades à travers un paillage – plastique – troué. Étouffées sous la bâche, les herbes spontanées ne pourront se développer. Une technique privilégiée par les petites exploitations, notamment en bio, car présentant quelques inconvénients à plus grande échelle (temps et difficulté du travail de retrait des bâches pour éviter les résidus de plastique, coût du matériau proportionnel à la surface cultivée, etc.) Enfin, la solution la plus répandue après plantation des jeunes salades demeure le binage, entre les lignes de cultures.

Dépasser les limites du désherbage manuel et mécanisé

Toutefois, désherber entre les rangs ne suffit pas – d’où l’emploi complémentaire de substances chimiques en conventionnel. « La plus grosse difficulté, c’est d’éliminer les adventices sur le rang, sous les feuilles, entre les plants, où elles sont inaccessibles aux couteaux. Certaines bineuses automatisées peuvent
s’en charger, grâce à des caméras qui repèrent les salades et permettent aux outils de les éviter »,
souligne Mathilde. Mais bien souvent, cette tâche est plutôt assurée de façon manuelle, par des travailleurs temporaires employés à désherber plant par plant.

Coûts de main d’œuvre, difficulté à recruter des tractoristes qualifiés pour guider les outils mécaniques, fragilité des plants de salade qui peuvent être endommagés par des lames réglées de manière imprécise… les solutions robotiques tentent d’apporter leur part de réponse à ces difficultés, rencontrées par la plupart des agriculteurs. C’est le cas par exemple de l’enjambeur autonome Dino, développé par Naïo. En complément d’un travail mécanique réalisé avant la plantation, il intervient sur les salades prêtes à biner. Guidé par GPS et équipé de caméras qui localisent les plants, il circule entre les lignes en actionnant ses outils de désherbage au plus près des salades, grâce à des correctifs de position sur le porte-outils. Mathilde Ceaux : « Nous travaillons actuellement sur un nouvel outil actif, qui permettra au robot de réaliser un travail plus complet et plus précis : il pourra travailler directement sur la ligne de salades, entre les plants, en plus de désherber sur le rang ».