[Planification des cultures] Lundi, je sème. Mardi, je plante. Mercredi….

De la planification des cultures en maraîchage : un article destiné aux futurs maraîchers et jeunes producteurs.

Voici notre petite réflexion du jour : deux caractéristiques propres aux petites exploitations maraîchères, qui se conjuguent pour devenir une grosse difficulté. Pas d’idées ? Alors c’est parti…

L’une des principales différences entre le maraîchage diversifié et les autres systèmes agricole, c’est justement qu’il est diversifié. Très diversifié. Trop diversifié ? Une vie de paysan ne suffirait à connaître tous les secrets d’une plante, alors imaginez devoir en cultiver trente différentes en même temps !

La plupart des systèmes maraîchers diversifiés sont orientés vers la vente en circuits courts. L’exploitant doit maîtriser lui-même la commercialisation de ses produits, ce qui nécessite beaucoup de temps de travail et une organisation méticuleuse. Il est nécessaire de pouvoir fournir les produits attendus par les clients au bon moment : le consommateur se détournera rapidement d’un producteur qui propose trop souvent un étal incomplet ou des paniers manquant de diversité.

Réussir à étaler dans le temps au maximum la récolte d’une espèce est déjà un objectif technique difficile. Maintenant si l’on croise cela à notre premier point, on se rend compte que notre agriculteur doit jongler avec les calendriers de productions de très nombreuses espèces, afin de pouvoir proposer une gamme complète et diversifiée sur une grande période de temps.

Un vrai casse-tête, non ?

La maîtrise du calendrier de culture est complexe. Les maraîchers expérimentés ont assez de bagage pour savoir où ils en sont de leur planning, mais ne croyez pas pour autant qu’ils se passent de tout noter sur un carnet ! Pour les nouveaux producteurs, il est nécessaire de passer du temps sur son planning de cultures. La clef de la réussite en production diversifiée, c’est l’organisation !

Quel est mon objectif de vente ?

Souvent les jeunes producteurs se lancent en réfléchissant à ce qu’ils veulent faire pousser. C’est une grave erreur ! La première étape, c’est de penser à ce que vous pouvez vendre. Et c’est suite à ce travail d’étude de marché que vous saurez de quelle quantité de légumes vous aurez besoin, à quel moment de l’année, quelles sont les variétés et exigences particulières de vos futurs clients. Il est clair que la réalisation d’une étude de marché est un travail ambitieux, et qui souvent ne passionne pas le producteur. Mais c’est important de réfléchir à vos différents réseaux de commercialisation, et d’estimer les volumes qu’il vous sera possible de vendre.

culture diversifiée

Définir les surfaces.

Une fois déterminé les volumes de légumes dont vous aurez besoin, il vous est possible d’estimer les surfaces que vous allez cultiver. Vous pouvez alors vous baser sur des références technico-économiques. Ces documents (vous pourrez en trouver plusieurs en libre accès sur internet) vous permettent d’estimer la production d’une surface cultivée ou d’un nombre donné de plants. Vous pouvez vous baser sur ces valeurs pour savoir quelle est la surface à planter.

Attention cependant, les références sont souvent données pour un cadre précis : des conditions géo-climatiques particulières (le calendrier de culture n’est pas forcément le même entre le Roussillon et la Normandie), un système d’exploitation défini ou des techniques de production spécifiques (les valeurs de rendement par m² de tomate entre une serre hors sol et une parcelle de plein champ en AB ne sont pas comparables !). A vous d’être prudent et de vérifier que les références que vous utilisez sont bien applicables dans votre situation.

En plus des valeurs de rendements, la plupart des références vous apporterons des éléments techniques (comme mener la culture) et économiques (quelques sont les charges et le temps de travail à cette espèces).

A vous d’adapter ces informations génériques à votre situation à force d’expérience, mais ne passez pas à coté ! Elles sont riches d’enseignements, et peuvent vous éviter de nombreux errements.

Exemples de plantations et densité (source : Sud-et-bio.com)

surface cultures diversifiées

Planifier les semis et plantations.

Si vous avez déterminé vos objectifs de vente, vous savez à quel moment vous devez pouvoir fournir tel ou tel légume à vos clients. En se basant sur les durées de culture issues de références techniques, il vous est maintenant possible de créer un calendrier à rebours, c’est-à-dire partir de la date de récolte, pour arriver à la date de plantation, voir ensuite à la date de semis en pépinière si vous réalisez vous-même vos plants.

Attention cependant : les durées des cycles de culture sont très variables selon votre situation, la période de l’année où vous implantez les cultures, les méthodes de forçage que vous employez et bien sûr les conditions climatiques de l’année ! La longueur du cycle de culture d’une laitue plantée en septembre et d’une autre plantée en mars n’a rien à voir ! Il n’est pas possible de prévoir toutes les variations climatiques, mais établir ce calendrier vous donne des repères importants pour organiser votre saison. Vous saurez quand mettre en place chaque plantation de courgette ou autre culture à cycle rapide afin de pouvoir en proposer continuellement, et vous penserez à anticiper la préparation de sol pour les plantations de légumes d’automne même si vous êtes dans la course de la saison !

Calendrier-semis-2

Réfléchir à une rotation des cultures.

Vous avez maintenant établi votre calendrier (un travail que l’on fait généralement pendant la période (relativement) creuse en hiver : vous avez prévu vos travaux pour l’année à venir, les plants et semences qu’il vous faudra commander etc. Mais il est maintenant intéressant de se projeter à plus long terme. Si vous voulez faire en sorte que votre système d’exploitation soit « durable » d’un point de vue agronomique, il vous faut également réfléchir sur l’ordre de succession de vos cultures sur vos parcelles. Une rotation de culture pertinente d’un point de vue agronomique permet d’éviter toute « fatigue » des sols. La mise en place de cette rotation peut être un vrai casse-tête. Il y a de nombreuses choses à dire, tellement que cela fera l’objet d’un prochain article !

Un outil très complet pour la planification des cultures d’hiver sous abris froid (attention, fichier créé par le CivamBio 66 pour le département des Pyrénées-Orientales, à adapter à vos propres conditions climatiques !) :  http://www.sud-et-bio.com/sites/default/files/Planning_CIVAMBIO66_version-17.xls)

Quelques fiches techniques pour le maraîchage AB en Languedoc-Roussillon par exemple : 

http://www.sud-et-bio.com/fruits-legumes/tronc-commun/references-circuits-courts